5 octobre 2021

Le viol et ces justifications erronées

Selon l’article 403 du Code Pénal ivoirien, « constitue un viol, tout acte de pénétration vaginale, anale, buccale ou de quelque nature qu’il soit à but sexuel imposé à autrui sans son consentement en usant d’une partie du corps humain ou d’un objet, par violence, menace, contrainte ou surprise ». Partant de cette définition, Il est évident que le viol constitue un crime, un acte puni par la loi. Ainsi, il ne saurait être justifié de quelques manières que ce soit. C’est donc le lieu et le moment d’y revenir et de faire une mise au point quant à ces justifications qui sont dans tous les cas abusives.

Le viol est un sujet très sensible en Côte d’Ivoire et dans le monde entier. Il a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Tout a commencé lorsqu’une chaîne de radio diffusion ivoirienne a diffusé une émission sur le viol. Dans cette émission, un ancien violeur racontait son histoire : ses procédés pour atteindre sa proie, ses objectifs, ses sensations et supposément celles de ses victimes. Une démonstration pratique a même eu lieu avec un mannequin pour illustrer à la perfection les propos dudit violeur.

De milliers de personnes se sont offusquées face à une telle émission. Les réactions ne se sont pas faites attendre sur les réseaux sociaux. Tandis que pour certains c’était un crime, d’autres par contre y trouvait l’occasion de faire des assimilations du viol à des actes homophobes ou à du harcèlement, comme s’ils pouvaient se justifier. Il est donc impératif de faire une mise au point quant aux arguments qui tentent de justifier un tel acte, portant sur la tenue vestimentaire, sur l’homophobie, sur des viols basés sur la prostitution ou encore ceux justifiés par le mariage.

? : Facebook, page Le Phoulosophe

Le viol et la tenue vestimentaire féminine

Dans la conception populaire, lorsqu’une femme subit un viol, c’est parce qu’elle l’a potentiellement provoqué. Des facteurs comme la tenue vestimentaire ou encore la gestuelle sont évoqués pour justifier que la victime ait été à la base de la réaction de son bourreau. Cette justification est fausse. La tenue vestimentaire d’une femme quelle qu’elle soit ne peut être et ne sera jamais à la base d’une réaction d’un autre.

Le viol et la communauté LGBT

La communauté LGBT est un regroupement de milliers de personnes dont le sigle LGBT est utilisé pour qualifier les personnes lesbiennesgaysbisexuellestransqueersintersexes et asexuelles, c’est-à-dire pour désigner des personnes non hétérosexuelles, ou non cisgenres. Cette communauté subit de vives critiques concernant leurs orientations. Elle est marginalisée et banalisée. Parfois même, certains membres sont passés à tabac. Ces actes sont homophobes car ils sont une manifestation de mépris, de rejet ou de haine envers ces personnes.
Bien souvent on assimile le viol aux vices que représente l’homophobie et ces dérivés. Selon la pensée populaire, c’est donc de la faute d’un transgenre ou d’un homosexuel s’il se fait agresser ou violer, parce qu’il a fait un choix d’une orientation « erronée ». Cette justification du viol est bien évidemment entièrement fausse.

Le viol et la prostitution

La prostitution peut être appréhendée comme étant un métier, dans lequel une personne consent à pratiquer des rapports sexuels avec une autre personne, contre une rémunération. La distinction entre viol et prostitution réside dans le consentement. Un viol est un acte sans consentement, tandis que la prostitution est volontaire.
Aussi incongru que cela puisse paraître pour certains, une prostituée peut subir un viol. Elle dispose de son corps comme elle le souhaite et le fait qu’elle utilise son corps de cette façon ne constitue pas une raison valable pour avoir des relations avec elle, sans son consentement. L’excuse de « c’est une prostituée » ne tient donc pas la route.

Le viol dans le mariage

Encore très peu connu ou minimisé par ses victimes, le viol peut être commis dans le mariage. Selon l’OMS, le viol conjugal peut se définir comme « toute relation sexuelle au sein d’un couple, marié ou non, sans le consentement de l’autre partenaire, sous la contrainte physique, et/ou psychologique, ou sous la surprise, tels qu’une pénétration digitale lors du sommeil du partenaire».

Il est important ici d’insister sur le fait qu’être en couple ne remet pas en cause l’importance de la notion de consentement. Être intimes, avoir des rapports sexuels fréquents, habiter ensemble ou être marié(e)s ne justifie pas d’obliger son/sa partenaire à avoir des rapports sexuels notamment en ignorant son refus et en la harcelant moralement, en insistant encore et encore jusqu’à ce qu’elle ou il cède. Ceci est une justification abusive.

Ma lettre au monde

?: @JEAN_LOUIS_BILLON_OFFICIEL

Qu’importe les conditions dans lesquelles le viol est commis, il reste tout de même un viol. Sur un homme, une femme ou une personne LGBT, il reste tout de même un viol. Le viol n’a pas de justifications et n’en aura jamais. Il constitue un crime. Il ne devrait donc pas être justifié ni banalisé. Des justifications erronées, il en existe des milliers. Nous avons justes évoquées celle qui nous semblait être exposées de façon récurrente. Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à les dénoncer. C’est ensemble que nous pourrons créer un mur pour endiguer ce vice. Au plaisir de vous lire à notre tour.

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