Masa 2024 : Du plastique au banc, l’ONG YEE relève le défi

Article : Masa 2024 : Du plastique au banc, l’ONG YEE relève le défi
Crédit: YOUSSOUF FOFANA (avec accord pour publication)
18 avril 2024

Masa 2024 : Du plastique au banc, l’ONG YEE relève le défi

Cette année, lors de la 13e édition du Masa en Côte d’Ivoire, des bancs en plastique ont été promus par l’ONG YEE. Ce produit est le résultat d’un processus novateur qui répond à une problématique importante en ce qui concerne l’environnement.


Depuis quelques jours, le Masa a lieu au Palais de la Culture. De nombreux stands y exposent leurs produits et expliquent aux visiteurs leurs utilités. En me promenant dans les allées, j’ai découvert un produit révolutionnaire : il s’agit d’un banc en plastique. Je découvre plus loin une poubelle en plastique et un table-banc de la même matière. J’ai généralement vu des bancs en bois ou en fer mais en plastique, c’est une première pour moi. Je me suis donc plongé à la recherche d’informations sur ce produit. Je découvre un stand d’exposition tout de bleu vêtu avec des produits recyclés, tous faits à base de plastique. Au mur, des enseignes vantent les mérites de l’écologie. Il y a de quoi sensibiliser, tant le chantier est immense.

Selon le programme des Nations Unies pour l’environnement, le coût des dommages sur les écosystèmes, le tourisme et la pêche causés par les déchets plastiques jetés en milieu marin, est évalué chaque année, à environ 7616 milliards de Francs CFA. Face à cela, la Côte d’Ivoire pour affirmer sa volonté de lutter contre ce fléau, a décidé depuis 2014 d’interdire la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des sachets plastiques sur l’ensemble du territoire national par décret. Mais il faut bien l’avouer, des années après cette décision, la pratique reste inchangée. Les sachets plastiques sont encore utilisés sur le territoire ivoirien. Regardez donc notre lagune abidjanaise !!

L’ONG YEE en quelques mots

« Ensemble luttons contre la pollution plastique en Côte d’ivoire » nous voilà de retour au stand avec l’écriteau que je découvre dès mon arrivée. Mon regard glisse vers le sol… Et là, je tombe sur le même banc vu tout à l’heure dans les allées. Je suis ravi : j’ai trouvé la source ! J’entame donc une discussion avec Manuella Karen, secrétaire à l’organisation de l’ONG citoyenne YEE (YOUTH ENVIRONNEMENT ENGAGEMENT). Elle exerce en Côte d’ivoire depuis plus de trois ans. Sa vocation est de contribuer à la protection de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie en Côte d’Ivoire. Elle axe principalement son action sur le recyclage des déchets en plastique. Ces déchets sont ensuite utilisés pour confectionner des bancs, tables-bancs et poubelles.

Image : Fofana Youssouf (Avec accord pour publication)

D’un plastique à un banc…

À votre avis quel est le processus pour passer d’un déchet plastique mauvais pour l’environnement à un banc utile pour la planète ? C’est simple. Manuella Karen nous livre la méthode. “On procède dans un premier temps par des collectes au bord de la plage ou, lors des sessions de nettoyage, on trie les objets trouvés dans le but de prendre que ce dont on a besoin : sachets, bouteilles… Ensuite, on l’envoie à un partenaire qui se charge de faire broyer la machine pour en obtenir des débris. Ces détritus seront plus tard fondus puis attribués des formes.”

« On peut tout faire avec le plastique » rajoutera t-elle pour me convaincre de l’efficacité et du volet impressionnant de ce système. Toutefois, malgré la multiplicité des objets à promouvoir avec ce système, l’ONG se contente par priorité de produire des bancs et des poubelles.

Rappelons le, avec un système similaire, le gouvernement ivoirien avec le soutien de l’UNICEF transforme les déchets plastiques collectés en briques pour construire des salles de classe. À ce jour, plus d’une centaine de salles de classe faites sur ce principe ont été livrées par l’UNICEF. Dans le cadre de ce projet, une usine a même été construite pour fabriquer les fameuses briques.

Un projet acclamé par tous

« Nous sommes très heureux d’avoir le soutien de la population qui n’hésite pas à nous proposer son aide aussi bien dans la collecte, que dans le processus de transformation. Quant au gouvernement, il se montre très intéressé par ce que nous faisons. ». Depuis le début de l’exposition, le stand de l’ONG a reçu énormément de visites, aussi bien de personnes lambda, que d’illustres invités du Masa, du premier ministre de la Côte d’Ivoire, au président du conseil constitutionnel, en passant par la ministre de la Culture : tous ont salués l’initiative. Car non seulement la fabrication des tables et des tables-bancs permet de réduire la pollution plastique, mais elle permet aussi de moins recourir au bois de construction. Les membres de l’ONG Youth espèrent une subvention pour continuer leurs actions dans ce sens, ou tout du moins réaliser un projet pilote.

Image : Youssouf Fofana, avec accord pour publication.

Beaucoup moins évoquées, une autre des missions de l’ONG est la protection de tout ce qui a trait aux forêts. Elle a déjà mené des activités de reboisement à l’intérieur du pays à travers la plantation d’arbres ou de fleurs en voie de disparition.

Les dégâts du plastique dans le quotidien partout dans le monde et principalement en Côte d’ivoire ne sont plus à présenter. Le gouvernement ivoirien en est conscient et la population également. S’il existait une manière d’utiliser le problème des déchets plastiques pour en faire une solution d’utilité publique comme l’ONG YEE, mais cette fois-ci, dans d’autres secteurs, seriez-vous intéressés pour ajouter votre pierre à l’édifice ?

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